Article publié le 28/09/2021 par Ariane Peters
Les vaccins ont dĂ©finitivement prouvĂ© leur efficacitĂ© dans la lutte contre le coronavirus. Dans les USI, ce sont très majoritairement des personnes non-vaccinĂ©es qui sont hospitalisĂ©es. Sur la base des donnĂ©es (inter)nationales et des preuves scientifiques croissantes (1), le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© est actuellement d’avis (CSS N° 9650, 24/09/21) que la population gĂ©nĂ©rale est suffisamment protĂ©gĂ©e après 1 ou 2 doses de vaccination (selon le vaccin COVID-19).
Cependant, pour certains groupes vulnérables, il est important de prévoir une dose supplémentaire pour « booster » leur immunité et les protéger de manière optimale contre les formes sévères de la COVID-19 :
# 1 : les 12+ ayant une immunité réduite
La CIM SantĂ© Publique et le Commissariat Corona au Gouvernement avaient dĂ©jĂ donnĂ© leur feu vert Ă l’injection d’une 3e dose de vaccin ARNm (Pfizer ou Moderna) aux personnes de plus de 12 ans prĂ©sentant une immunitĂ© rĂ©duite (cf. Flash info du 08/09/21). Ce « vaccin booster » leur est dĂ©jĂ proposĂ©e depuis le mois passĂ©.
Ce 29/09/21, la CIM a Ă©galement pris la dĂ©cision d’ajouter Ă ce groupe toutes les personnes atteintes du syndrome de Down (y compris les < 65 ans). En effet, des Ă©tudes montrent que leur rĂ©ponse immunitaire est plus limitĂ©e et qu’ils devraient bĂ©nĂ©ficier de ce « vaccin booster ».
#2 : les résidents en MRS et autres établissements résidentiels de soin pour personnes âgées
Le 22/09/21, la CIM Santé publique avait ensuite décidé de proposer également un vaccin supplémentaire aux résidents des maisons de repos et de soins (MR/S) et des appartements de service, ainsi qu’aux personnes résidant en établissement psycho-gériatrique.
Voici quelques précisions :
- Les structures qui hébergent et accueillent des collectivités de personnes âgées sont concernées par le « vaccin booster », même si quelques résidents n’ont pas l’âge minimal de 65 ans.
- Les résidents primo-vaccinés en janvier-février 2020 avec le vaccin Pfizer sont déjà éligibles pour recevoir cette dose de rappel (cf. # 3).
- Cette vaccination aura lieu au sein de la collectivitĂ© et pourra ĂŞtre effectuĂ©e en mĂŞme temps qu’une vaccination contre la grippe saisonnière (ou un autre vaccin), sans risque d’effets secondaires supplĂ©mentaires ou d’une efficacitĂ© rĂ©duite de l’un des deux vaccins.
Les structures d’accueil de personnes porteuses de handicap ne sont, pour l’instant, pas concernées, sauf pour les personnes porteuses du syndrome de Down.
# 3 : tous les 65+
Le 24/09/21 (Avis CSS 9650), le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© conclut qu’il existe des indications claires pour recommander une dose supplĂ©mentaire de vaccin ARNm contre la COVID-19 chez les plus de 65 ans.
La CIM SantĂ© Publique et le Commissariat Corona au Gouvernement ont communiquĂ© le 29/09 les modalitĂ©s pratiques de l’administration de ce « vaccin booster » :
- Tous les 65+ se verront proposer un vaccin « booster » à ARNm (Pfizer ou Moderna). C’est pour ce type de vaccin que les études cliniques sur les effets « booster » sont les plus solides et les plus convaincantes.
- Un délai minimum devra être respecté entre la 2e dose et le « vaccin booster » :
- min. 4 mois après un schéma vaccinal complet des vaccins AZ ou J&J
- min. 6 mois après un schéma vaccinal complet des vaccins Pfizer ou Moderna
- Les 2es doses ayant majoritairement Ă©tĂ© administrĂ©es Ă ce groupe entre avril et juillet 2021, avec 4 vaccins diffĂ©rents dont les intervalles variaient de 1 Ă 3 mois, le moment d’administrer la dose « booster » dĂ©pendra donc de celui oĂą la 2e dose a Ă©tĂ© administrĂ©e et du type de vaccin reçu. Le type de vaccin et les dates d’administration de la primo-vaccination seront pris en compte pour l’envoi des invitation.
- La plupart des 65+ devraient avoir Ă©tĂ© invitĂ©es pour leur dose « booster » avant la fin de l’annĂ©e.
- La vaccination des 65+ se fera dans les centres de vaccination et antennes locales. Les personnes grabataires ou Ă mobilitĂ© limitĂ©e pourront toujours bĂ©nĂ©ficier d’une vaccination Ă domicile.
Et quid de la vaccination en cabinet de MG ?
La cellule COVID du Collège de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale (CMG) Ă©tait en rĂ©union hier (30/09/21) avec certains membres du groupe de travail « StratĂ©gie de vaccination du Commissariat COVID » pour rĂ©gler les questions logistiques et administratives liĂ©es Ă la vaccination en cabinet. Une prochaine rĂ©union est dĂ©jĂ fixĂ©e entre MG et pharmaciens pour poursuivre les rĂ©flexions sur l’opĂ©rationnalisation de la vaccination en cabinet de MG đź’Ş.
Plusieurs points d’attention ou questions sont actuellement Ă l’Ă©tude :
- La prolongation de l’ouverture des centres de vaccination ?
- La levée des freins logistiques et administratifs pour rendre la vaccination en cabinet de MG réellement opérationnelle.
- La vaccination en pharmacie ?
- Autres dispositifs à déterminer ?
Et le reste de la population ?
Pour les autres personnes de moins de 65 ans, qui sont entièrement vaccinĂ©es, les Ă©tudes scientifiques actuelles montrent que leur protection contre l’hospitalisation et les formes graves de la maladie reste suffisamment haute jusqu’à prĂ©sent. Pour elles, un booster n’est donc pas nĂ©cessaire Ă ce stade des donnĂ©es scientifique. Toutefois, les Ă©tudes en cours restent suivies en continu par le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ©, la Task Force Vaccination et la CIM. A suivre donc, notamment en prenant en compte les questions Ă©thiques et Ă©pidĂ©miologiques qui se posent quant l’insuffisance majeure de couverture qui se pose dans de nombreux pays Ă travers le monde (cf. les dernières dĂ©clarations de l’OMS sur les 3es doses) …
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(1) Cet avis du CSS a été formulé sur la base des arguments scientifiques suivants :
- En Belgique, le variant delta domine actuellement ; ce variant est plus contagieux, plus pathogène et l’immunitĂ© induite par les vaccins est moins efficace.
- Les personnes de plus de 65 ans sont très sensibles aux formes sĂ©vères de l’infection par la COVID-19 et prĂ©sentent un risque plus Ă©levĂ© de mortalitĂ© (Chudasama et al., 2021). Les durĂ©es d’hospitalisation sont nettement plus longues chez les personnes de plus de 65 ans par rapport Ă une population plus jeune. Un nombre Ă©levĂ© d’hospitalisations dans ce sous-groupe se traduit par moins de lits disponibles pour d’autres pathologies. On observe une augmentation nette et progressive de la morbiditĂ© et de la mortalitĂ© liĂ©es Ă la COVID-19 avec l’âge (Promislow et al., 2020). La comorbiditĂ© et la fragilitĂ© des personnes de plus de 65 ans jouent un rĂ´le important Ă cet Ă©gard. La moitiĂ© des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es suite s Ă l’infection par la COVID-19 en Belgique ont plus de 85 ans (Sciensano, 18 sept 21).