Conformément à ce que nous écrivons à propos des maladies chroniques et complexes, la prise en charge des patients lourds, à domicile, deviendra de plus en plus multidisciplinaire et devra même évoluer vers une approche transdisciplinaire. L’émiettement de la première ligne sera remplacé par une collaboration « au lit du malade ». Les patients à problèmes de santé complexes bénéficieront ainsi d’un plan de soins dans lequel chaque soignant apportera son savoir, son savoir-faire et son savoir-être.
Les équipes seront à géométrie variable, via une coordination informatique. Il y aura des prestataires isolés ou en groupes mono-disciplinaires, d’autres seront réunis sous un même toit, ce qui favorise la coordination informelle. Il existera probablement 3 voire 4 modèles organisationnels :
- La médecine soliste (à l’acte) aux côtés d’autres prestataires de soins au lit du malade
- La médecine de groupe mono-disciplinaire (à l’acte ou peut être new deal) aux côtés d’autres prestataires de soins au lit du malade
- La médecine d’équipe multidisciplinaire sous un même toit à l’acte ou New Deal
- La médecine d’équipe multidisciplinaire sous un même toit à la capitation
La multidisciplinarité implique de se connaître, de s’évaluer mutuellement, de comprendre les différentes disciplines, leurs caractéristiques, leur complémentarité, leur articulation. Cela permet de protocoler les soins et de répartir les tâches de façon optimale au sein de la première ligne avec comme étoile polaire, la subsidiarité et l’échelonnement des soins
La multidisciplinarité est indispensable pour les soins lourds à domicile qui sont essentiellement le rôle de la première ligne, soutenu par la deuxième ligne seulement si nécessaire (Cf. “alternative à l’hospitalisation”).
Il faut organiser la formation des prestataires de première ligne pour qu’ils puissent exécuter les actes techniques nécessaires. Une télésurveillance/télé-supervision peut être exercée par la deuxième ligne avec hot line en cas de nécessité d’intervention rapide au domicile.
Ce sujet est révélateur d’une nécessité de questionner notre collaboration intersectorielle. Si l’on constate qu’à l’heure actuelle chaque profession travaille encore trop en silo, nous plaidons pour une concertation à plusieurs niveaux :
- Au niveau « micro » nous souhaitons la tenue de GLEM mixtes avec les pharmaciens, les infirmiers, les kinésithérapeutes.
- Au niveau « méso », au sein d’une zone loco-régionale de première ligne (actuellement SISD), une concertation est souhaitée entre les cercles de MG et les infirmiers pour améliorer la qualité des soins multidisciplinaires. Le GBO soutient la création de cercles d’infirmiers, de kinésithérapeutes, se calquant sur les territoires des cercles de MG, même à terme de cercles pluri-professionnels intégrés.
- Au niveau « macro », au sein de la PPLW et de la PPLB qui seraient alors les structures faîtières des cercles de toutes les professions, des groupes de travail pourraient s’organiser pour se concerter sur des sujets pluridisciplinaires. Cela permettrait aux soignants de se connaître, de lever des malentendus sur le terrain et d’améliorer les collaborations.