MPOX : infos pratiques et recommandations à suivre

Flash-info 59/24, publié le 23/08/24

Après une première flambée épidémique en 2022, la variole du singe (Mpox) sévit à nouveau, obligeant l’OMS à déclencher ce 14/08/24 une urgence de santé publique de portée internationale de manière à coordonner une coopération internationale (communiqués de presse du 14/08/24 et du 20/08/24).

Suite à l’évaluation du risque faite par le Risk Assessment Group (RAG) et confirmée ce 19 aout 2024 par le Risk Management Group (RMG), la cellule de ‘Médecine préventive’ de la Direction Santé et Aide aux personnes de Vivalis et la Direction de Surveillance des Maladies Infectieuses de l’AVIQ nous ont demandé de transmettre les informations suivantes aux médecins généralistes.

Contexte actuel

La Mpox est une maladie initialement présente chez l’animal, notamment chez des rongeurs dans certains pays d’Afrique (principalement en Afrique centrale et de l’ouest), et qui circule désormais chez l’être humain.

C’est une zoonose émergente, c’est-à-dire une maladie transmise de l’animal à l’humain.

On distingue deux principaux types du virus Mpox :

  • Le clade I, présent dans le bassin du Congo en Afrique centrale ;
  • Le clade II présent en Afrique de l’Ouest.

Le clade II comporte deux sous-clades, dont le clade IIb est le variant prédominant responsable depuis 2022, d’une épidémie de Mpox à l’échelle mondiale et qui touche de nombreux pays hors d’Afrique.

Depuis 2023, une épidémie causée par le virus du Mpox clade I continue à sévir en République démocratique du Congo (RDC).

Depuis le début de l’année 2024 et jusqu’au 9 août, 14 719 cas suspects et 2 822 cas confirmés ont été signalés sur le continent africain, dont 517 décès (létalité 3 %). Il est important de noter que ces éclosions pourraient être plus importantes que celles signalées en raison d’une sous-détermination ou d’une sous-déclaration.

Le clade Ib, qui a été détecté en RDC et signalé en avril 2024, a également été détecté dans des cas confirmés au Burundi, au Rwanda, en Ouganda et au Kenya.

Des cas de Mpox ont été signalés dans 23 des 26 provinces de la RDC. Selon l’OMS, la majorité des cas ont été signalés dans les régions du centre et du nord de la RDC : Equateur, Mai-Ndombe, Sankuru et Tshopo.

Transmission de la maladie

La transmission chez l’humain du virus Mpox, se fait : 

  • De l’animal à l’Homme :
    Par contact direct avec des lésions cutanées, des liquides organiques (comme le sang ou la salive) ou des muqueuses d’un animal infecté, par exemple par des morsures ou des griffures ou lors de la préparation ou de la consommation de viande insuffisamment cuite (p. ex. de la viande de brousse). 
  • De personne à personne :
    • Par contact direct avec des lésions cutanées, des liquides organiques (comme le sang, la salive ou le sperme) ou des muqueuses (yeux, bouche, gorge, organes génitaux, zone périanale) d’une personne infectée, par exemple par contact lors de la prestation de soins ou par contact sexuel. 
    • Par les voies respiratoires, notamment par contact avec des gouttelettes infectées produites par la parole, la respiration, la toux et les éternuements. Il n’est pas impossible que la transmission de la Mpox se fasse par voie aérienne, bien que ce ne soit pas le principal mode de transmission. D’autres données probantes sont nécessaires pour déterminer si la maladie peut se transmettre par voie aérienne. 
    • D’une personne enceinte infectée au foetus. 
  • Vecteurs passifs :
    Par contact direct et non protégé avec des surfaces ; du tissu (p. ex. vêtements, linge, serviettes); des objets (p. ex. rasoirs, ustensiles, aiguilles, jouets sexuels, brosses à dents) qui ont été en contact avec une personne ou un animal atteint de Mpox. 

Évaluation du risque en Belgique

En Belgique, l’évaluation du risque faite par le Risk Assessment Group (RAG) et confirmée ce 19 aout 2024 par le Risk Management Group (RMG) est la suivante :

  • La probabilité d’infection est considérée comme élevée pour tous les voyageurs qui ont des contacts avec les communautés touchées.
  • Pour les contacts étroits de cas importés possibles ou confirmés, La probabilité d’infection est également considérée comme élevée, quel que soit le type de contact étroit.
  • L’impact en cas d’infection est considéré comme faible (auparavant : faible à modéré) sur la base de nouvelles preuves indiquant que la gravité clinique n’est pas plus élevée pour le clade I que pour le clade II, comme on le pensait auparavant.
  • Compte tenu de la combinaison de la probabilité d’infection et de l’impact en cas d’infection, le risque global est modéré :
    • Pour les personnes qui ont eu des contacts étroits avec des cas importés possibles ou confirmés.
    • Pour les voyageurs vers les zones touchées qui ont eu des contacts étroits avec les communautés touchées.
  • Le risque reste faible en Belgique et pour les voyageurs qui se rendent dans les régions touchées et qui n’ont pas de contacts étroits avec les communautés touchées.

L’identification rapide des nouveaux cas et la surveillance sont indispensables à la réduction du risque de transmission interhumaine.

Les symptômes sont polymorphes mais la présentation clinique la plus souvent rapportée est une éruption cutanée préférentielle, mais non exclusive, en région ano-génitale ou au niveau de la muqueuse buccale, isolée, précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée (>38°C), de céphalées, d’adénopathies ou d’une odynophagie. La plupart des personnes présentent des symptômes légers, et l’infection est spontanément résolutive.

Déclaration obligatoire

La variole est une maladie à déclaration obligatoire dès suspicion clinique. Tous les cas de Mpox doivent être déclarés :

Recommandations

Voici les recommandations de la cellule de ‘Médecine préventive’ de la Direction Santé et Aide aux personnes de Vivalis et la Direction de Surveillance des Maladies Infectieuses de l’AVIQ :

  • Une attention particulière sur la symptomatologie ayant trait au Mpox chez des patients en provenance de la RDC et Afrique centrale en général ;
  • La réalisation d’un prélèvement sur lésion (en fonction de la situation). Sciensano dispose d’un PCR Mpox qui couvre le Clade I et le typage si la PCR de screening s’avère positive. Les meilleurs échantillons pour l’amplification PCR et l’isolement sont le matériel prélevé sur les lésions cutanées, notamment :
    • Les écouvillons de la surface ou du liquide des lésions ;
    • Les croûtes des lésions (galles) ;
    • Les tissus provenant de plusieurs lésions (il n’est pas nécessaire de soulever la croûte formée sur la lésion avant de procéder au prélèvement) ;
  • L’isolement du patient, dès que possible et pour une durée de 21 jours, jusqu’à cicatrisation des lésions. L’isolement à domicile du patient est recommandé si l’état clinique général du patient le permet ;
  • Un traitement symptomatique reposant sur la prévention de la surinfection, du traitement de la douleur, et de la prévention des cicatrices inesthétiques ;
  • Le dépistage des infections sexuellement transmissibles, si contexte de rapports sexuels non protégés ;
  • L’information du patient de la nécessité de :
    • Prévenir ses contacts du risque de contamination (pour qu’ils s’autosurveillent et qu’ils se vaccinent, le cas échéant).
    • Respecter l’isolement, les mesures de limitation des interactions sociales, de maitrise des risques de transmission et les mesures d’hygiène.
    • Procéder à l’autosurveillance des symptômes pour les voyageurs pendant leurs séjours en RDC (et pays voisins) et éviter les risques de se faire contaminer par le virus du Mpox (Eviter les contacts avec les rongeurs, lésions cutanées et matériels souillés, liquides biologiques d’une personne infectée ou suspecte).

💡 Les conventions existantes entre les laboratoires accrédités et l’INAMI restent en vigueur. En d’autres termes, les analyses ne peuvent être effectuées que par les laboratoires agréés (liste des laboratoires reconnus pour réaliser des analyses MPOX).

Vaccination

Compte tenu de l’impact limité de la maladie et du faible risque pour la population, la vaccination générale n’est pas envisagée actuellement. Il est important de noter que le clade Ib est un variant relativement nouveau et que les connaissances scientifiques à son sujet évoluent constamment. Les données actuelles suggèrent que le vaccin existant est également efficace contre ce nouveau variant.

Le groupe NITAG au sein du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) étudie actuellement la possibilité d’une vaccination ciblée pour les de groupes à risque spécifiques, en tenant compte des connaissances scientifiques et des avantages et inconvénients. Ces critères de vaccination réévalués seront mis à disposition dans les prochains jours sur la page MPOX du site du SPF Santé publique.

En cas d’épidémie localisée en Belgique, une vaccination secondaire est possible grâce au stock stratégique de vaccins (vaccination immédiate après un contact à risque).

Vaccination post-exposition :

  • Un nouvel avis du CSS (NITAG) est attendu dans les prochains jours.
  • En cas d’exposition à risque, il est demandé aux médecins de contacter la Direction de Surveillance des Maladies Infectieuses de l’AVIQ (surveillance.sante@aviq.be) ou la cellule de ‘Médecine préventive’ de la Direction Santé et Aide aux personnes de Vivalis (Notif-Hyg@vivalis.brussels). Conformément à la coordination interfédérale entre toutes les entités, ceci leur permettra aux entités d’évaluer chaque situation au cas par cas et de décider de l’opportunité d’une vaccination post-exposition en attente de recommandations actualisées du Conseil Supérieur de la Santé.

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