Liberté de prescription médicamenteuse

Le GBO/Cartel estime que le MG doit pouvoir disposer d’une marge de prescription « inhabituelle » ou  « non standard »  pour tenir compte de la réalité clinique souvent complexe à laquelle les MG sont confrontés. L’assurance de qualité de la prescription ne peut être exercée de manière optimale par le SECM (Service d’Evaluation et de Contrôle Médical), dont l’intitulé même est confus : on ne peut être à la fois être promoteur de la qualité (évaluation) et policier (contrôle).

L’assurance de la qualité était initialement exercée par la Commission des profils qui, si nécessaire, transmettait au SECM. Actuellement, une grande partie de la tâche de la Commission des profils a été légitimement transmise au CNPQ (Conseil National de Promotion de la Qualité), qui se charge d’envoyer les profils individuels et de proposer des améliorations. En matière de prescription, la première phase de régulation devrait être réservée au CNPQ qui transmettrait ensuite (ou pas) au SECM.

Le GBO plaide toujours pour une marge de manœuvre de prescription qui peut être légitimée par écrit dans le dossier médical en fonction du trépied de l’EBM plus heureusement dénommé EBP (evidence based practice) :

  1. Les études scientifiques rigoureuses (en particulier les essais aléatoires en double insu)
  2. Les valeurs et préférences du patient
  3. L’expérience clinique du MG (en particulier dans les rapports avec son patient) + le contexte

Les firmes incitent à prescrire plus.

Les pouvoirs publics à prescrire moins.

Les MG veulent pouvoir prescrire mieux !

Dans cette optique, le GBO/Cartel encourage fermement les MG à utiliser des outils indépendants de toute influence des firmes pharmaceutiques. Parmi ceux-ci :

  • Les instruments soutenus par les pouvoirs publics :
    • Le CBIP: répertoire commenté des médicaments et des résultats des conférences de consensus ;
    • Farmaka: centre indépendant d’information sur les médicaments qui envoie des représentants indépendants visiter les MG: le GBO déplore sa disparition orchestrée par la Ministre de la Santé Maggie De Block
    • Minerva: revue d’EBM dont le but est de promouvoir et diffuser une information scientifique indépendante.
    • BAPCOC: le guide belge des traitements anti-infectieux ambulatoires
    • Evikey : rassemble en un réseau des acteurs de la santé et de l’EBP en vue d’améliorer la qualité et l’efficacité des soins de santé. Il organise aussi la collaboration entre centres d’expertise spécialisés en EBP.
    • Cebam : organisme scientifique médical indépendant, interuniversitaire et pluridisciplinaire qui s’adresse aux prestataires de soins de santé, aux patients et aux citoyens.
  • Les instruments émanant d’initiatives privées :
    • Les publications du GRAS. Le Groupe de Recherche et d’Action pour la Santé est soucieux de promouvoir le bon usage des médicaments et pratique la « publi-vigilance». Il réunit des médecins et des pharmaciens « insensibles à toute pression sauf celle de la raison et du bon sens critique »        (www.gras-asbl.be)
    • La revue française « Prescrire » …

Le médecin généraliste doit aussi et surtout pouvoir compter sur la mise en place de logiciels d’aide à la décision médicale, qui permettront de confronter les conclusions personnelles du médecin aux recommandations les plus récentes et les mieux établies. Il va de soi que ces logiciels devront être alimentés par les signes et symptômes et les éventuelles informations complémentaires obtenues par des moyens techniques (labo, imagerie).

Conclusion, la liberté oui, mais éclairée par un grand flambeau (comme la statue de la Liberté)

Par ailleurs, en signalant les effets indésirables des médicaments sur le terrain, les MG participent à un système de pharmacovigilance, mis en place par l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS). Le GBO/Cartel encourage à parfaire cette veille.

Les MG doivent pouvoir compter sur les universités pour les former à la « libre pensée scientifique » et les sociétés scientifiques de MG pour l’entretenir.

Le GBO/Cartel revendique :

  • un financement adéquat de la part des pouvoirs publics pour assurer le succès de cette mission de formation.
  • l’établissement d’une liste des médicaments essentiels et un système qui préserve ceux-ci du risque de disparition, faute de rentabilité.