Le CMG lance un avertissement : une revalorisation des honoraires de garde en médecine générale ne peut plus attendre

Flash-info 102/23, publié le 15/12/2023

Les membres du Collège de médecine Générale (CMG) réaffirment leur soutien à la garde en médecine générale pour assurer les meilleurs soins, au meilleur endroit, par le prestataire le plus adéquat, au juste coût et au juste prix, en dehors des heures ouvrables. Toutefois, le juste prix payé aux prestataires de soins est une condition sine qua non à ce soutien. Or, les médecins généralistes attendent depuis de très nombreuses années une revalorisation significative des honoraires pour les gardes.

Le CMG lance donc un avertissement à nos autorités : sans revalorisation des prestations de garde à hauteur de la pénibilité des heures prestées et de la responsabilité assumée par les MG, il y a un risque sérieux que les MG n’acceptent plus d’assumer les gardes et permanences aux conditions actuelles.

Cet avertissement vient Ă  point nommĂ© dans le cadre des nĂ©gociations en cours pour la conclusion d’un accord 2024 (2025 ?) puisque la revalorisation de la garde est sur la table des nĂ©gociations et est une revendication prioritaire pour le GBO/Cartel.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le CMG lance un avertissement :
une revalorisation des honoraires de garde en médecine générale ne peut plus attendre

Les médecins généralistes attendent avec impatience une revalorisation significative des honoraires pour les gardes. Cette revalorisation ne peut plus attendre. L’augmentation des honoraires doit se concrétiser dès 2024 avec un plan de rattrapage pour les années suivantes.

Les membres du Collège de Médecine Générale francophone de Belgique (CMG*) réaffirment leur soutien à la garde de première ligne pour assurer les meilleurs soins, au meilleur endroit, par le prestataire le plus adéquat, au juste coût et au juste prix, en dehors des heures ouvrables. Toutefois, le juste prix payé aux prestataires de soins est une condition sine qua non à ce soutien.

Le CMG lance un avertissement. Sans revalorisation des prestations de garde à hauteur de la pénibilité des heures prestées et de la responsabilité assumée par les médecins généralistes, il y a un risque sérieux que les médecins généralistes n’acceptent plus d’assumer les gardes et permanences aux conditions actuelles.

Le CMG est également très attentif au soutien particulier à apporter aux médecins généralistes dans les zones à faible densité de population (particulièrement dans les zones rurales). Ces régions moins peuplées souffrent de trois handicaps : la récurrence plus importante des gardes à prester, les déplacements plus longs à effectuer, une population moindre avec moins de prestations et donc moins d’honoraires. Il faut savoir que les médecins généralistes ne sont aujourd’hui payés que 50 €/heure en garde dans certains territoires. L’État a la responsabilité de soutenir préférentiellement ces territoires où la garde n’est pas suffisamment rentable financièrement mais où il est indispensable de maintenir un service public efficace.

L’INAMI a dĂ©cidĂ© de mettre en Ĺ“uvre l’organisation de coopĂ©rations fonctionnelles devenant les seules organisations de garde financĂ©es, chacune rassemblant minimum 3 postes mĂ©dicaux de garde (PMG) pour 300.000 habitants. Le concept des coopĂ©rations fonctionnelles est sans doute une occasion d’augmenter la collaboration entre PMG, de faire diffĂ©rentes Ă©conomies d’échelle et financières, de rationaliser l’offre, dans un contexte de pĂ©nurie de soignants. Ce concept peut aussi rĂ©pondre Ă  des objectifs des pouvoirs publics visant Ă  assurer une permanence mĂ©dicale uniforme, claire et soutenue assurĂ©e par des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, pour l’ensemble du pays. Mais cette approche d’uniformisation gĂ©nère des problèmes spĂ©cifiques pour les territoires Ă  faible densitĂ© de population.

Le CMG estime que les conditions de faisabilité de l’installation des coopérations fonctionnelles ne sont pas réunies à ce stade. Trop de questions restent en suspens tant au niveau organisationnel que financier.

Un système d’honoraires de présence et d’honoraires de disponibilité pour les gardes.

Trois systèmes d’honoraires pour les généralistes pourraient être envisagés.

  • Soit les honoraires de garde ne sont plus liĂ©s au volume des prestations et sont identiques pour tous les gĂ©nĂ©ralistes, comme pour les pompiers ou la protection civile, sur tout le territoire belge.
  • Soit les honoraires de garde, revalorisĂ©s, sont mixtes, forfaitisĂ©s principalement, en maintenant une modulation en fonction du nombre d’actes effectuĂ©s … mais cela ne rencontre pas la nĂ©cessitĂ© de soutenir prĂ©fĂ©rentiellement les territoires Ă  faible densitĂ© de population.
  • Soit sont crĂ©Ă©s les concepts d’honoraires de prĂ©sence et d’honoraires de disponibilitĂ©.
    • Les honoraires de prĂ©sence sont attribuĂ©s aux mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes prĂ©sents aux PMG en consultations ou en visites Ă  domicile. Ils doivent garantir Ă  chacun un minimum de 200€/h en journĂ©e de WE/jours fĂ©riĂ©s, 250€/h en soirĂ©e et nuit. Ils sont composĂ©s des honoraires des actes effectuĂ©s et des honoraires supplĂ©mentaires compensatoires payĂ©s si le gain par le paiement des actes ne permet pas d’accĂ©der aux montants prĂ©citĂ©s.
    • Des honoraires de disponibilitĂ© de 50€/h sont attribuĂ©s au mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste appelable chez lui pendant la garde. Si le mĂ©decin est appelĂ©, il sera payĂ© au tarif de l’honoraire de prĂ©sence pour ses heures de travail effectives.

Le CMG marque une nette préférence pour ce système d’honoraires de présence/disponibilité qui prend mieux en compte les différentes réalités, en particulier celles des territoires ruraux.

Enfin, pour le CMG, un maximum de 204 heures de garde par an et par médecin (120h en week-end et 84h en semaine) semble un nombre maximum qui respecte l’équilibre de vie des prestataires

Coopérations fonctionnelles, toutes les conditions de faisabilité ne sont pas réunies pour garantir un service public efficace qui tienne compte des spécificités de tous les territoires et qui préserve la qualité de vie des prestataires.

Imposer l’organisation des coopérations fonctionnelles sans avoir réglé la question de la revalorisation des honoraires de gardes ne pourra que générer des résistances.

Imposer leur organisation sans avoir réglé la question du déploiement sur tout le territoire belge du tri 1733 est problématique. Le tri se doit d’être efficace avant tout contact du patient avec un médecin, pour l’orienter adéquatement vers la médecine générale ou la médecine hospitalière. Imposer aux PMG la possibilité de leur accès direct par les patients va à l’encontre des avantages en santé publique du tri 1733.

Imposer des zones de territoires trop étendus risque de créer de facto des zones de non-permanence par difficulté de contacts avec la garde de médecine générale pour les patients. L’exemple type est celui de la région germanophone traversée par les Hautes Fagnes, nécessitant deux PMG hors critères INAMI. Pour le CMG, les habitants et les médecins généralistes doivent pouvoir atteindre leurs objectifs en 30 minutes maximum.

Le carcan budgétaire et réglementaire trop strict se fait au détriment d’une gestion autonome, efficace, souple et responsable. L’absence de réponses transparentes et opérantes sur la transition entre les asbl actuelles des PMG et futures des coopérations fonctionnelles insécurise sur le plan des responsabilités financières et humaines des médecins généralistes.

Il est indispensable de garantir le financement de 10 à 19 h/semaine au tarif de 120 €/h de la fonction de direction médicale pour les coopérations fonctionnelles sans déforcer l’indispensable coordination administrative.

Pour accompagner tous les changements qui seront générées par l’installation des coopérations fonctionnelles, les pouvoirs publics doivent prendre eux-mêmes en charge un coordinateur général qui apporte un appui et des conseils sur le plan budgétaire, fiscal et de droit social. Il est primordial que l’INAMI se saisisse de ce travail pour mieux se rendre compte des réalités de terrain et apporter les ajustements indispensables pour la réussite de ces coopérations fonctionnelles.

Une garde organisĂ©e sans tenir compte suffisamment des rĂ©alitĂ©s locales et trop pĂ©nible pour les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes d’une zone prend le risque immanquable d’aggraver la pĂ©nurie des MG de cette zone en diminuant son attractivitĂ© et en contribuant aux dĂ©parts de mĂ©decins installĂ©s. Il faut en tenir compte !

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Anne Gillet,
PrĂ©sidente du CMG – 0474/26.08.55
Au nom l’organe d’administration du CMG

Luc Herry
Président de l’ABSyM Wallonie

Paul De Munck
Président du GBO

Guy Delrée
Président de la FAGW

Michel De Volder
Président de la FAMGB

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(*) Le Collège de médecine générale en Belgique francophone a pour ambition de rassembler toute la médecine générale dans sa diversité, organisée en 5 bancs.

  • La SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale : SSMG
  • Les fĂ©dĂ©rations de cercles de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale : FAMGB – FAGW
  • Les syndicats mĂ©dicaux : le GBO – les chambres wallonne et bruxelloise de l’ABSyM
  • Les dĂ©partements universitaires de MĂ©decine gĂ©nĂ©rale : CAMG/UCL ; DUMG/ULB ; DMG/ULiège.
  • La commission de MG de l’UNamur – L’AMGF (l’Association des MĂ©decins GĂ©nĂ©ralistes en formation)