Article publié le 21/10/2021
Le budget définitif des soins de santé pour 2022 a été approuvé le 18 octobre.
Et les médecins dans tout ça ?
Ce lundi 18 octobre, le Conseil Général de l’INAMI a formellement approuvé le budget soins de santé pour l’année 2022. Rappelons que le Conseil Général de l’INAMI est composé de 4 bancs : mutuelles, employeurs, travailleurs/syndicats et représentants du Gouvernement; les médecins y sont présents mais sans voix délibérative, ce qui est regrettable.
Il s’agir d’un budget de 31.755,4 millions d’euros, dont 9.077,6 millions d’euros (soit 28,6% du total) sont affectés aux honoraires médicaux.
En comparaison, les deux autres postes principaux du budget soins de santé sont le prix de journée des hôpitaux (7.291,3 M€, mais auxquels il faut ajouter 2.269,3 M€ hors budget soins de santé, ce donne un total de 9.560,6 M€ pour les hôpitaux) et le budget « médicaments », qui représente 5.543 M€.
Le budget de 9.077,6 M€ pour les honoraires médicaux est fixé sur base d’une estimation des dépenses en 2022 à laquelle on a ajouté la masse d’index réservée aux médecins, soit 75,7 M€.
Cela veut concrètement dire que si l’index est entièrement octroyé, il ne reste rien pour financer de nouvelles initiatives, comme l’extension de la garde de semaine ou le financement des futures coopérations fonctionnelles. Mais rien non plus pour une revalorisation fondamentale de certains actes comme les consultations, les visites (et en particulier les visites dans les maisons de repos), les honoraires de disponibilité, etc.
La petite partie de la norme de croissance qui reste disponible (123,65 M€) – la plus grande partie des 2,5% de norme étant « mangée » par la croissance du volume des prestations – est en effet affectée dans sa totalité à une nouvelle ligne budgétaire, transversale, titrée « objectifs de soins de santé et appropriate care ».
Le but est d’intégrer dans cette nouvelle ligne budgétaire (‘budget partiel’ dans le jargon INAMI) « des objectifs de soins de santé pour orienter les choix prioritaires d’affectation de moyens de l’assurance maladie, dans le cadre d’un budget devenant pluriannuel, dynamique et transversal ».
C’est en fait la proposition adoptée par le Comité de l’Assurance de l’INAMI (où siègent les organismes assureurs et les prestataires) le 4 octobre dernier.
Rappelons que le GBO-Cartel avait approuvé cette proposition, vu qu’un grand nombre de ses remarques, sur un premier projet, catastrophique, avaient été prises en compte mais aussi pour se montrer constructif. Mais le GBO-Cartel avait fait part au Président du Comité de l’assurance de très importantes réserves. Vous retrouverez ce courrier adressé au Président du Comité de l’assurance dans notre Info du 4 octobre dernier.
Les inquiétudes du GBO-Cartel émises le 04/10 auprès du Président du Comité de l’assurance restent inchangées mais le GBO-Cartel poursuivra ce combat !
Avec l’adoption du budget définitif par le Conseil général, les inquiétudes du GBO-Cartel restent inchangées :
- Inquiétudes sur l’avenir du modèle de concertation,
- inquiétudes sur l’avenir des revalorisations nécessaires de certains honoraires, en particulier en médecine générale,
- inquiétudes sur le financement des futures coopérations fonctionnelles,
- inquiétudes sur la manière dont les représentants des médecins seront associés aux discussions de la ou des future(s) commission(s) qui seront chargées de mettre en œuvre ces projets transversaux et pluriannuels,
- inquiétudes sur la transparence et l’efficacité au niveau des dépenses et de la distribution des ressources pour ces soins transversaux.
Le GBO-Cartel se réjouit par contre des déclarations du Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique quand il annonce vouloir mettre un montant conséquent de moyens supplémentaires en dehors du budget AMI pour poursuivre la digitalisation des soins de santé (notamment pour le déploiement du dossier patient électronique intégré) ou encore quand il annonce la suppression de l’interdiction du tiers-payant, en vue de généraliser le système. C’est de fait très important pour les patients d’un point de vue de l’accessibilité aux soins. Mais cela ne permet pas aux MG de bénéficier d’un revenu plus en phase avec leur investissement personnel (et en matériel) dans une profession qui reste largement sous-payée pour de nombreuses prestations non prises en compte et énergivores.
Le GBO-Cartel poursuivra donc ce combat, en même temps qu’il continuera d’exiger des revenus suffisants pour les médecins qui font le choix – et ils ont mille fois raison – de limiter autant que faire se peut leur activité à un nombre d’heures par jour raisonnable pour mieux équilibrer leur vie professionnelle par rapport à leur vie familiale et sociale. Cette option est privilégiée pour le bien-être du médecin et la qualité du soin (deux des piliers du Quintuple Aim), c’est l’ADN du GBO-Cartel.