Faisons en sorte que le soleil se lève sur la MG en 2025 !

Chères consœurs et chers confrères,
Chères amies et chers amis,

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Je vous souhaite une bonne année 2025, pleine de promesses et d’accomplissements. Que vos projets se réalisent aussi bien sur le plan professionnel que privé. Que vous puissiez maintenir le cap pour mener votre esquif à bon port.

Nous traversons en effet une mer agitée, pleine d’incertitudes mais avec des promesses d’accalmie. La médecine générale, longtemps oubliée par les grands décideurs aussi bien que par le courant de pensée dominant, présente de belles perspectives. La vision holistique de notre profession possède l’avantage de prendre en considération le patient dans sa dimension globale, avec ses peurs et ses contradictions, ses contraintes et sa polypathologie. Notre faculté de synthèse et notre lien thérapeutique sont notre force. L’intelligence artificielle et les progrès technologiques redistribueront les rôles dans un avenir proche. Si cette évolution est sans doute inéluctable, de sérieuses menaces pèsent sur l’avenir de notre profession.

La pénurie de professionnels de santé est incontestablement un problème mondial, en particulier concernant les médecins généralistes. La proportion de généralistes qui ont plus de 50 ans est préoccupante et le nombre d’entre eux qui travaillent après l’âge de la pension est significatif. C’est pourquoi le GBO revendique un sous-quota de généralistes d’au moins 50%. Aux heures les plus sombres de l’histoire du numerus clausus, la proportion de généralistes atteignait à peine 30%, il est donc indispensable de compenser ce manque de généralistes pour leur permettre un travail de qualité de premier échelon, en collaboration étroite avec la médecine spécialisée. Mais la bataille des sous-quotas est aujourd’hui homérique. Tous plaident en effet pour une augmentation de leurs sous-quotas sans une mise en perspective des missions spécifiques à chaque spécialité et chaque ligne de soins. Les vrais responsables de la pénurie, certains politiques, universitaires et même syndicaux, se font très discrets sur ce point ces derniers temps.

Par ailleurs, nous sommes les témoins de certaines pratiques tant hospitalières que de médecine générale où le médecin en formation ne serait qu’un esclave des temps modernes, les impératifs de rentabilité étant la motivation de ces maîtres de stage au détriment de la formation. La surcharge de travail et le mépris qui y est souvent associé sont des facteurs déterminant des burnouts et des abandons de la profession accroissant la charge de travail de ceux qui restent.

Le GBO a toujours voulu préserver la dignité des soignants en privilégiant le soin approprié, au bon endroit par le prestataire le plus adéquat, impliquant un honoraire correct pour ces prestations et une répartition des tâches selon les compétences spécifiques de chaque spécialité, de chaque ligne de soins et au sein même de la première ligne. La répartition des tâches doit se faire de manière harmonieuse, sans que cela ne soit une menace pour la fonction et les revenus de chacun. Ne serait-il pas normal que la majorité des accouchements eutociques soit accompagnée par les sage-femmes sans intervention ni signature des gynécologues, ceux-ci intervenant lors des interventions où ils sont indispensables ? Un raisonnement semblable doit être tenu pour la répartition des tâches entre généralistes et pharmaciens. Sans une réflexion sur leur juste répartition et la valorisation équitable des fonctions, nous ne pourrons qu’assister à des combats “fratricides”, navrants mais si compréhensibles, provoqués par la confusion installée par les politiques actuelles entre les compétences et les responsabilités des généralistes et celles des autres prestataires et la menace de diminution de leurs revenus sans compensation honorable.

Des exemples venus de l’étranger montrent pourtant que des transitions sont possibles, avec un emploi plus ajusté des compétences de chacun.
Une spécialiste déplorait récemment un horaire encombré de prestations que d’autres pourraient faire et l’impossibilité de prendre en charge des pathologies lourdes avant plusieurs mois.
Le GBO a toujours plaidé pour une granularité des soins et l’évolution actuelle démontre sa clairvoyance passée.

Notre syndicat est une structure intermédiaire avec qui le pouvoir politique est en concertation et en négociation pour présenter des mesures et des textes législatifs de manière démocratique. Ces négociations s’enrichissent de la compétence des mutuelles pour élaborer ces fameux accords médico-mutualistes dont un des objectifs est de préserver la qualité des soins et leur accessibilité tout en prévoyant des honoraires corrects pour les médecins. Ce genre de fonctionnement n’existe pas dans les régimes autoritaires. Nous revendiquons ce type de fonctionnement où la vérité, loin d’être “révélée”, est un chemin semé d’embûches et de contradictions. Il faut en effet pouvoir faire la distinction entre une donnée, une information, un savoir et la sagesse. Il arrive trop souvent dans notre métier que des constatations d’un moment soient érigées en vérité incontestable, nous avons pu le constater avec la pandémie. De la même façon, la réalité sociologique d’une pratique à un moment précis, avec une population précise, ne peut s’imposer comme vérité universelle mais doit être analysée dans sa signification et sa reproductibilité.

En outre, la préservation de l’indépendance intellectuelle des médecins est un absolu démocratique, soutenue par une indépendance financière modulée par la détermination des remboursements négociés. La liberté diagnostique et thérapeutique reste un fondamental du GBO, assortie de ses deux corollaire : le sens de notre responsabilité sociale en santé et la préservation de la solidarité sociale.

Et si certains politiques prétendument libéraux veulent sacrifier cette indépendance, nous ne pourrons que constater leurs velléités surprenantes anti-libérales de fonctionnariser le corps médical et nous serons amenés à envisager l’établissement des paiements barémiques conséquents au nombre d’années d’études effectuées, des paiements de congés payés, de maternité, de maladie, des suppléments de salaire pour les heures prestées hors heures de bureau à 150% en WE et 200% la nuit, des horaires de 36H/semaines pour 10,5 mois/an.
Par ailleurs, dans ce scénario, les médecins spécialistes ne devront plus intervenir dans les frais des hôpitaux en sur-produisant des soins pour compenser le sous-financement chronique des services, dont la responsabilité incombe aux politiques et qui s’est établi au détriment de la qualité des soins au service de la population.
Nous le voyons, la réalité est nuancée, complexe et riche dans une démarche qualitative.
Le GBO revendique ce débat démocratique, en prenant le risque de la controverse, respectueuse et documentée et il invite tous les généralistes à se joindre à lui pour défendre ce métier nécessaire et passionnant.

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Dr Lawrence Cuvelier,
Président du GBO/Cartel