DE QUELQUES VÉRITÉS ALTERNATIVES

Dr Lawrence Cuvelier

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Un billet d’humeur du Dr Lawrence Cuvelier, Vice-Président du GBO/Cartel, publié le 10/02/2023.

Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir (Pierre Dac)

Il y a un certain temps, un homme d’état très riche qui avait perdu les élections décida de prendre le Sénat par la force. Criant à la fraude, il réunit des comploteurs, tenta de rallier les plus pauvres à sa cause et s’acquit le soutien d’une population vivant entre la Méditerranée et la Mer du Nord. Cette dernière trahit le comploteur et tous les conspirateurs furent arrêtés. L’homme au pouvoir, celui qui aurait dû être renversé, n’écouta pas les conseils avisés qu’on lui prodiguait et fit exécuter les complices sans procès. Mal lui en prit car ce n’est pas d’avoir exécuté les comploteurs mais pour l’avoir fait sans procès qu’il tomba lui-même en disgrâce et fut exécuté à son tour. Le comploteur s’appelait Catalina, l’homme au pouvoir était le consul Cicéron, le peuple qui avait dénoncé le complot était le peuple gaulois et le conseiller avisé Jules César.

Menacez un médecin d’une perte de revenu ou d’être écrasé sous des obligations insupportables et vous actionnez chez lui des mécanismes de peur qui lui feront perdre tout discernement.

Un mensonge souvent répété peut devenir une vérité … pour certains

Cette histoire vieille de plus de 2000 ans nous rappelle que l’outrance et le mensonge ne datent pas d’hier. Le monde médical lui-même n’est pas épargné par les torrents de mensonges et les tempêtes de vérités « alternatives » qui rendent la tâche des médecins particulièrement compliquée. Ainsi, quand des pseudo-scientifiques claironnent sans preuve que le vaccin Covid menace les grossesses, des milliers de futures mères refusent la vaccination, même si les études prouvent que les non-vaccinées ont plus de risque de perdre leur enfant.

Menacez un médecin d’une perte de revenu ou d’être écrasé sous des obligations insupportables et vous actionnez chez lui des mécanismes de peur qui lui feront perdre tout discernement. Rien de plus facile puisque seule la minorité de médecins participant à ces concertations médico-mutualistes sont au fait des tenants et aboutissants. Comment savoir qui dit vrai alors que vous vous sentez à la merci d’enjeux qui vous dépassent ? Rien de plus logique alors que de croire celui qui se posera en “sauveur” …

Il existe bien évidemment des vérités incertaines et prévoir les effets de certaines réformes s’avère un exercice périlleux. Mais ce n’est pas parce que l’enfer est pavé de bonnes intentions qu’il faudrait prôner l’immobilisme et le conservatisme.
Loin de la démagogie de certains, le GBO/Cartel travaille à l’élaboration de son programme, réaliste et solide, pour les 5 années à venir. Comme toute œuvre humaine, il sera imparfait et perfectible. Mais n’est-ce pas nettement préférable à certains qui ne savent qu’opposer des refus catégoriques, sans jamais être force de proposition ?

“Pourquoi les syndicats ne font rien ?”

Présent dans de multiples Commissions de l’INAMI, du SPF Santé publique, etc., les représentants du GBO/Cartel sont parfois bien seuls, d’autres n’ayant pas jugé utile de les honorer de leur présence, et sont souvent les plus actifs et constructifs. Rien ne justifie les indignations faciles (et blessantes) du genre “les syndicats ne font rien”. Deux phénomènes rendent compte de cette apparence d’inaction. Tout d’abord nous sommes dans une société démocratique où les équilibres doivent être respectés. Nous travaillons donc dans des organes de concertation où, par définition, nous n’avons pas tous les pouvoirs. Ensuite, les changements les plus significatifs ne sont souvent pas aussi spectaculaires qu’on le souhaiterait, mais leur mise en place s’inscrit dans la durée. C’est négociations après négociations, armés de patience et avec une vision claire de l’objectif à atteindre, que nous avons réussi à revaloriser les revenus du médecin. Nous avons été les seuls à revendiquer la création du DMG. Nous avons dynamisé les primes à la pratique. Le statut financier des généralistes, un des plus bas par rapport à leur qualification, missions et responsabilités, s’est progressivement relevé.

Malheureusement, nous sommes aussi témoins d’agissements déplorables dans différentes Commissions, jetant le discrédit sur l’ensemble de la profession. D’où l’intérêt de participer à différentes instances qui ne sont pas directement liées à la défense professionnelle. Cela permet aussi de ne pas prendre son type de pratique personnelle pour un paradigme et de prendre une distance bienveillante mais alerte par rapport à un confrère qui relate une situation idéale ou un dysfonctionnement, en étant persuadé que son expérience personnelle est applicable à l’ensemble du pays.

Ensemble, plus forts !

Contrairement à ce que certains de nos confrères affirment, les médecins généralistes actifs exercent dans une grande variété de formes de pratiques, du solo (conventionné ou non) au praticien de maison médicale (à l’acte ou au forfait), en passant par toutes sortes de pratiques de groupe ou en réseau. L’Organe d’Administration du GBO/Cartel a toujours été représentatif de tous les types de pratiques et nous avons toujours défendu (et continuerons à le faire !) la diversité des pratiques de qualité.

Le GBO fait partie du Cartel (GBO, MoDeS et ASGB), qui rassemble des généralistes et des spécialistes des deux parties du pays. Nous sommes unis par une même vision du système de santé, des valeurs communes et un même intérêt pour la défense de vos intérêts. Tous ensemble nous pouvons agir, mais pour cela nous dépendons de la confiance que vous nous témoignerez en cotisant auprès de notre syndicat, et en votant pour le Cartel lors des élections en juin prochain. MERCI !

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Dr Lawrence Cuvelier