Article publié le 26/10/2021

COVID long : parfois dramatique mais à ne pas dramatiser systématiquement au risque d’être iatrogène

Le KCE (Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé) a publié le 26/10/21 le rapport KCE Reports 344, “Besoins et suivi des patients atteints de COVID long” (synthèse en FR), basé sur une enquête en ligne auprès de 1320 personnes atteintes de COVID long. Cette étude confirme que “le COVID long entraîne une dégradation manifeste de la qualité de vie et de fréquentes difficultés à reprendre le travail. L’impact psychologique est lourd. Les patients disent s’être souvent sentis perdus dans notre système de soins et déplorent l’absence de prise en charge globale de leurs problèmes.”

La principale recommandation du KCE est de “mettre en place un « bilan interdisciplinaire » au cours duquel des médecins des principales spécialités concernées (pneumologues, infectiologues, neurologues, spécialistes en médecine physique et réadaptation…), des kinésithérapeutes, des psychologues et des travailleurs sociaux pourraient réaliser une évaluation globale du patient, en concertation avec son médecin généraliste. Ce bilan permettrait une évaluation précise des besoins fonctionnels du patient et son orientation vers une prise en charge sur mesure, adéquate et coordonnée. Ce bilan se ferait dans des centres spécialisés, mais les traitements prescrits devraient être dispensés autant que possible en première ligne.”

Quelles sont les plaintes les plus courantes et comment sont-elles prises en charge actuellement ?

Les médecins généralistes prennent en effet régulièrement en charge des patients souffrant de COVID de longue durée et il s’avère que, dans la plupart des cas, un suivi médical approprié en 1re ligne suffit. Les plaintes les plus courantes sont liés à la fatigue, l’épuisement, les troubles cognitifs, ainsi qu’à de l’anosmie et/ou l’agueusie par exemple. Seule une minorité de patients atteints de COVID long nécessite des soins spécialisés. Ceux-ci sont alors indispensables.

Un groupe de travail dédié la prise en charge du COVID long a été mis en place par l’INAMI

Le rapport du KCE met en lumière certains points intéressants mais rien n’est encore décidé quant à la manière dont seront effectivement pris en charge les patients atteints de symptômes post-COVID persistants. Un groupe de travail mis en place à l’INAMI travaille actuellement sur cette problématique, avec la participation active du GBO, ainsi que de la SSMG et de la cellule scientifique du CMG. Le GBO y défend et continuera à défendre l’approche décrite ci-dessous.

Faudra-il systématiquement diriger ces patients vers un « bilan fonctionnel interdisciplinaire » dans un centre spécialisé ?

Le GBO soutient qu’il serait inopportun que tous les patients présentant ce genre de troubles soient orientés d’emblée vers des centres spécialisés, alors qu’une approche en 1re ligne serait largement suffisante pour la plupart. Procéder de la sorte aurait deux conséquences directes :

  • un engorgement rapide des centres spécialisés par des patients souffrants de problèmes aspécifiques, au détriment de patients nécessitant réellement une prise en charge appropriée.
  • une accentuation de la médicalisation du problème risquant d’entrainer une spirale iatrogène.

Le GBO suggère vivement que les centres de soins multidisciplinaires qui sont envisagés soient utilisés de manière plus rationnelle : avant de mettre en place toute infrastructure spécifique au COVID long, il faudrait commencer par favoriser une approche où la concertation entre la 1re et la 2e ligne mène à un parcours de soin efficace et bien calibré, y compris avec les médecins du travail et les mutuelles pour le volet adaptation au milieu du travail.

Nous ne manquerons bien évidemment pas de vous informer des résultats du groupe de travail de l’INAMI sur la prise en charge du COVID long.