Consultations infirmières pour les patients avec des problèmes de santé complexes

Flash-info 93/23, publié le 09/10/2023

C’est le titre d’une récente étude dont les résultats viennent d’être publiés par le KCE (KCE Reports 373B – 2023).

Une des recommandations des chercheurs est d’ « initier des projets pilotes dans différents contextes (p.ex. soins de première ligne, structures de soins résidentiels pour personnes âgées, etc.) pour des patients avec des besoins de santé complexes chez qui la mise en œuvre de consultations infirmières est une priorité. »

Depuis fort longtemps, la vision du GBO/Cartel est de contribuer à « développer les meilleurs soins, accessibles à tous, au meilleur endroit, par le prestataire le plus adéquat, au moment le plus opportun, et au juste prix ». Entre autres en veillant à organiser les soins sous l’angle de la subsidiarité. Si les infirmiers et infirmières de première ligne sont prêts à assumer des consultations pour des patients avec problèmes de santé complexes en complément des consultations du MG et non pas en se substituant aux consultations des MG, pourquoi pas ? C’est du reste ce qui se passe déjà sur le terrain de la première ligne ou dans certains services hospitaliers (par exemple, les consultations infirmières menées au sein du service d’oncologie des Cliniques Universitaires St-Luc dans le cadre du plan cancer 2008 – Les consultations chez une infirmière, une pratique à développer : des résultats parfois meilleurs qu’avec un médecin, La Libre du 9/11/23). Pour rappel, une recherche-action a déjà été menée en 2017-2019 sur le territoire wallon concernant la collaboration entre MG et infirmières et infirmiers en première ligne (rapport CoMInG – Collaboration interprofessionnelle entre médecins et infirmiers généralistes).

Le KCE recommande à juste titre que « la consultation infirmière soit balisée par des accords interprofessionnels clairs et s’accompagne de conditions en termes de formation, d’expérience, etc. ». Et d’un cadre général. Cela va de soi.

Nous demandons avec force que, si le Ministre venait à proposer des projets-pilotes, une concertation et collaboration vraies avec les représentants de la MG soient organisées. Sans cela, la confiance des MG (et des patients !), indispensable pour initier un tel projet, ne sera pas au rendez-vous.

Nous déplorons une fois de plus l’absence de représentants de la MG francophone dans les partenaires impliqués et cités dans l’étude, alors qu’ils sont très bien représentés du côté néerlandophone. Nous n’accusons personne, mais c’est regrettable.

Nous mettons en garde une tendance lourde du moment, celle de chercher des solutions palliatives à la pénurie de MG en confiant de plus en plus de tâches dévolues classiquement aux MG, aux pharmaciennes et pharmaciens et aux infirmières et infirmiers, ces derniers étant d’ailleurs déjà aussi en pénurie ! Lorsqu’un métier est en pénurie, la tentation est forte de soulager ce métier en transférant des tâches vers un autre métier. Cela peut-être une solution à court terme mais si elle n’est pas pensée dans le cadre d’une vraie réorganisation des soins de première ligne, on risque bien de commettre des erreurs !

La meilleure solution reste le renforcement vrai d’une première ligne soutenue par un financement adéquat et des effectifs en MG et en infirmières et infirmiers en nombre suffisant. C’est à nos yeux une des conditions essentielles afin de relever les défis des soins primaires.

En conclusion, des projets pilotes, bonne idée, mais pas sans nous !