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Campagne de vaccination : quand nos autorités fédérales se décideront-elles à réfléchir avant de (ré)agir ?
Flash-info 69/24, publié le 11/10/24
Comme vous le savez, le GBO/Cartel avait interpellé nos responsables politiques, tant au fédéral qu’au régional, pour demander que soit organisée en urgence une réunion de concertation afin de solutionner de manière pérenne les problèmes rencontrés sur le terrain (Cf. notre Flash-info du 10/10/24 : Campagne de vaccination : errare humanum est, perseverare diabolicum !). À ce jour, alors que la plupart des problèmes identifiés ne sont pas du ressort des régions mais bien du fédéral, seuls le Ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, et l’AVIQ ont répondu à notre appel pressant (ce que nous saluons) !
Le GBO/Cartel souhaite donc attirer une nouvelle fois l’attention de nos autorités fédérales sur la récente décision autorisant les pharmaciens à vacciner contre la grippe et la COVID-19, sans consultation préalable d’un médecin généraliste. Cette décision, prise sans concertation avec les représentants des généralistes, soulève des questions cruciales concernant la qualité des soins et notre rôle en tant que praticiens de première ligne.
Le principe de transfert, partage et délégation des tâches au sein de la première ligne est un sujet extrêmement important à étudier pour consolider la collaboration interprofessionnelle, dans un contexte de pénurie des prestataires. Une réforme du système de soin à ce sujet se doit d’être pensée et organisée dans le respect et le financement adéquat des missions de chaque profession. Actuellement, force est de constater que cette tentative de réforme se fait de façon non coordonnée et ne peut que provoquer la mise en concurrence des professions entre elles, néfaste pour la qualité des soins, notre but à tous.
La vaccination n’est pas qu’un acte technique. Elle s’inscrit dans une prise en charge globale que seuls les médecins généralistes peuvent garantir, grâce à une connaissance approfondie du dossier médical de chaque patient. Confier cette tâche aux pharmaciens risque de fragmenter le parcours de soins, les pharmaciens n’ayant pas accès à l’historique médical complet du patient, contrairement au médecin.
Le fait que ces actes vaccinaux ne soient pas systématiquement intégrés au Dossier Médical Global (DMG) ajoute à cette désorganisation. Cela peut entraîner des doublons, des oublis, et compromettre le suivi vaccinal cohérent du patient.
Lorsqu’un patient se rend chez son généraliste pour une vaccination, le médecin en profite pour réévaluer son état de santé global et s’assurer que d’autres vaccinations, comme celles contre le tétanos ou le pneumocoque, sont à jour. Cette évaluation systématique ne peut avoir lieu en pharmacie, ce qui prive le patient d’une approche de santé globale, adaptée à son profil et à ses besoins.
La vaccination est un acte médical qui requiert expertise et vigilance. Le médecin est le mieux placé pour en évaluer les contre-indications et en assurer un suivi rigoureux. En transférant cet acte aux pharmaciens, on prive le médecin et le patient d’un contact médical utile et on risque de compromettre de facto la qualité des soins.
La vaccination doit rester un moment privilégié d’évaluation globale du patient. Déléguer cet acte sans concertation avec les médecins généralistes nuit à l’intégrité du parcours de soin des patients.
Si le transfert de la vaccination au pharmacien doit malgré tout s’envisager en période de pandémie pour assurer une meilleure couverture vaccinale de la population, il ne peut se concevoir qu’assorti à la condition d’un encodage systématique avec transfert direct dans le DMG. En dehors d’une pandémie, ce transfert de vaccination ne peut se concevoir que pour les tranches d’âge des patients de plus de 65 ans, avec encouragement du passage chez le médecin généraliste traitant au moins une fois l’an. Les patients vulnérables en dehors de ces tranches d’âges sont orientés systématiquement chez leur généraliste.
Nous espérons fortement la création de vaccins mono-doses contre le Covid-19, accessibles à la médecine générale.
Mais plusieurs questions persistent concernant le transfert de tâches médicales vers les pharmaciens.
- Les pharmaciens font partie du domaine partiellement marchand par les ventes de produits commerciaux non soumis aux prescriptions médicales et ils sont soumis à la TVA. N’est-il pas problématique d’envoyer un patient dans une structure qui serait « juge et partie » pour réaliser un acte médical qui de facto devient lui aussi soumis à la TVA et en augmente le coût pour la collectivité ? Le risque d’être « juge et partie » n’est-il pas la raison première qui a motivé l’interdiction de vente de médicaments par le médecin ?
- La communication des indications diagnostiques doit rester facultative selon le jugement du médecin traitant et cela en assurant la confidentialité des données. Il faut obtenir aussi la garantie de confidentialité de la part des pharmaciens, conforme au RGPD. L’interrogation persiste concernant une possible communication des données médicales personnelles aux sociétés privées d’information.
D’autres questions persistent concernant le partage de tâches au sein de toutes les lignes de soins pour y augmenter la complémentarité non concurrente.
Le GBO/Cartel revendique absolument l’organisation d’une concomitance de l’organisation de transfert des tâches au sein de la 1re ligne avec celle du transfert des 2es et 3es lignes vers la médecine générale pour libérer les médecins spécialistes des tâches de médecine générale qu’ils réalisent, pour les rendre plus disponibles aux soins complexes qui nécessitent leur expertise et au soutien spécialisé demandé par la première ligne.
Le GBO/Cartel continuera de défendre le rôle central des généralistes, garants d’une médecine de qualité, intégrée et adaptée à chaque patient.
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Pour l’Organe d’Administration du GBO/Cartel,
Dr Kevin Pirotte