Campagne de vaccination : errare humanum est, perseverare diabolicum !
Flash-info 68/24, publié le 01/10/24
Peu après le début de la campagne de vaccination de l’an dernier, le GBO/Cartel s’était insurgé contre les failles d’une campagne organisée dans le désordre et la précipitation, et mise en œuvre sans aucune concertation préalable avec les représentants des médecins généralistes (cf. notre Flash-info Vaccination COVID-19/grippe : le démarrage de la campagne confirme le capharnaüm redouté du 29/09/23).
Le GBO/Cartel n’avait Ă l’époque pu que regretter le manque de concertation et de prĂ©paration de cette campagne 2023-2024, pourtant la 1re Ă reposer presque exclusivement sur la 1re ligne de soins, alors qu’il eut pourtant Ă©tĂ© indispensable que tous les acteurs concernĂ©s aient Ă©tĂ© concertĂ©s pour en prĂ©parer l’organisation pratique et logistique … et prĂ©venir des problèmes pourtant dĂ©jĂ clairement identifiĂ©s !Â
Pourtant, le GBO/Cartel avait pris la peine de dresser ses observations sur base des 1ers retours du terrain, puis d’un sondage auprès des MG francophones (cf. notre Flash-info publié le 08/10/23 : Campagne de vaccination 2023-24 : résultats du sondage sur les aspects pratiques et organisationnels).
Quand nos autorités se décideront-elles (enfin !) à prévenir plutôt que guérir (ou pas) ?
Un an plus tard, bis repetita : les problèmes identifiés en 2023 dans les Flash-infos précités peuvent être republiés mot pour mot : aucune leçon n’a été tirée des erreurs de 2023 !
Cerise sur le gâteau pour cette campagne de vaccination 2024-2025 : si l’avis du Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© (CSS) a Ă©tĂ© publiĂ© le 04/07/24 pour la grippe saisonnière, aucun avis du CSS n’a encore Ă©tĂ© publiĂ© Ă ce jour pour la COVID-19, alors que la campagne de vaccination a dĂ©jĂ dĂ©marrĂ© mi-septembre !Â
Le GBO/Cartel demande donc à nos responsables politiques, tant au fédéral qu’au régional, de prendre leurs responsabilités et mettre (très !) rapidement tout en œuvre pour que les problèmes identifiés les années précédents (et pour lesquels le GBO/Cartel avait déjà émis ses recommandations) soient enfin solutionnés de manière pérenne.
Un courrier a d’ailleurs été envoyé aux Ministres Vandenbroucke, Maron et Coppieters pour demander qu’une réunion soit organisée en urgence avec les représentants de tous les prestataires de soins concernés (médecins généralistes, infirmiers et pharmaciens).
Problèmes déjà clairement identifiés lors de la campagne de vaccination 2023-2024 (et toujours d’actualité !) :
- Une réorganisation des rôles et missions au sein de la 1re ligne doit être concertée avec tous les acteurs. Plutôt que de transformer en urgence les pharmacies en mini-dispensaires de 1re ligne, nos autorités auraient dû consulter préalablement les différents intervenants de 1re ligne (et non mettre les MG devant le fait accompli) pour :
- déterminer conjointement les aspects pratiques et logistiques des campagnes de vaccination,
- déterminer clairement les rôles et responsabilités des différents prestataires de soin concernés,
- mettre en place une délégation claire et sécurisée de certaines tâches techniques, bien séparées des actes intellectuels médicaux … et des intérêts commerciaux des officines !
- Détournement des patients des cabinets de MG, au détriment de la prévention : si, sur base des chiffres disponibles à ce jour, il n’est pas possible de prouver que la vaccination en pharmacie a permis d’augmenter la couverture vaccinale (on sait que le nombre de vaccins anti-grippe administrés est en augmentation depuis 2018 et on connaît le ratio entre les vaccins administrés par les pharmaciens et les MG), il est avéré que la vaccination saisonnière par les MG a une plus-value certaine en matière de prévention (permet de réaliser un bilan de santé et un examen clinique préventif chez les patients ne consultant pas suffisamment ou assez régulièrement).
- Plutôt que d’aider les MG à faire leur travail de prévention, rien n’a été fait pour faciliter la vaccination contre la COVID-19 dans les cabinets de MG : approvisionnement en vaccins (commande, délivrance, etc) relevant du parcours du combattant et incompatible avec des horaires de consultation, pas de conditionnement monodose (seringues/vials), etc.
Si les pharmaciens devaient continuer Ă cumuler la double casquette de vaccinateurs et de fournisseurs principal de vaccins COVID pour les autres prestataires de soins concernĂ©s (MG et infis), tout aurait dĂ» ĂŞtre mis en place pour faciliter une collaboration harmonieuse, au service des autres prestataires pour ce qui concerne la fourniture de vaccins COVID (et non l’inverse !) : obliger toutes les pharmacies (qu’elles participent ou non Ă la campagne de vaccination – et surtout dans ce dernier cas puisque cela fait un lieu de vaccination de proximitĂ© en moins) Ă fournir les cabinets de MG et ce, tous les jours (ou, Ă dĂ©faut, s’adapter aux jours de consultations/visites des cabinets Ă proximitĂ©), en permettant un enlèvement en dehors des heures de consultation (pour Ă©viter que les MG ne doivent limiter le nombre de patients vus pour aller chercher les vaccins), en proposant un service de livraison en cabinet pour une commande de flacons moins importante que ce n’est le cas actuellement (60 doses) ou en permettant au patient d’aller chercher lui-mĂŞme en pharmacie le vaccin prescrit par son mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste (comme c’est le cas en Flandre). - Partage et visibilitĂ© immĂ©diate des donnĂ©es de vaccination, condition sine qua non pour Ă©viter le risque avĂ©rĂ© de double vaccination : en raison de problèmes de partage des donnĂ©es (absence d’arrĂŞtĂ© autorisant les pharmaciens Ă partager les donnĂ©es de vaccination effectuĂ©es en officines), les vaccins administrĂ©s par les pharmaciens n’Ă©taient pas visibles par tous les prestataires de soins concernĂ©s … ni mĂŞme par le patient lui-mĂŞme.Â
- Enregistrement de tous les vaccins via une même application, accessible directement via les logiciels métiers : une utopie ? Depuis 2023, VacciCard permet pourtant aux médecins généralistes, hôpitaux, infirmiers et pharmaciens d’enregistrer des données de vaccination dans VacciCard, à l’exception des vaccinations COVID-19 qui doivent toujours être enregistrées sur VaccinNet. En cause ? L’absence d’un accord de coopération avec la Flandre pour que les données COVID-19 actuellement sur VaccinNet puissent être transférées vers les coffres-forts régionaux wallons et bruxellois. Force est de constater qu’un an plus tard, cet accord semble toujours manquer à l’appel puisque les vaccins COVID-19 doivent toujours être encodés dans VaccinNet …
- Communication des infos et instructions pratiques aux MG bien trop tardive, ne permettant aucune anticipation/organisation des pratiques de MG : toutes les infos pratiques et logistiques (approvisionnement en vaccins, publics cibles à vacciner, codes nomenclature à utiliser, etc) auraient dû être communiquées aux MG min. 1 mois avant le début de la campagne (et bien avant que les médias grand public ne commencent à en parler … et que les patients ne posent des questions) et en direct par les autorités de santé compétentes pour éviter que les MG n’aient à jongler entre différentes des infos parcellaires et parfois contradictoires entre les différentes sources (à défaut, les associations de MG mandatées pour prendre en charge la communication vers les MG doivent avoir été clairement identifiées et responsabilisées en ce sens).